Vesunna

site archéologique français

Vesunna (ou Vĕsunna, en grec Ουέσουνα[1] et francisé en Vésone ou Vésunne[2]) Écouter est la capitale romaine du peuple gaulois des Pétrocores. Intégrée dans la province de Gaule aquitaine, elle se développe aux Ier et IIe siècles de notre ère. C'est aujourd'hui le quartier sud de la ville de Périgueux, située dans le département de la Dordogne.

Vesunna
Civitas Petrucoriorum
Image illustrative de l’article Vesunna
La tour de Vésone.
Localisation
PaysDrapeau de l'Empire romain Empire romain
Province romaineHaut-Empire : Gaule aquitaine
Bas-Empire : Aquitaine seconde
RégionNouvelle-Aquitaine
DépartementDordogne
CommunePérigueux
TypeChef-lieu de Civitas
Coordonnées 45° 10′ 48″ nord, 0° 42′ 46″ est
Géolocalisation sur la carte : Empire romain
(Voir situation sur carte : Empire romain)
Vesunna
Vesunna
Histoire
ÉpoqueAntiquité (Empire romain)

Toponymie

modifier

Le site antique porte le nom de la déesse éponyme que les habitants de Vesunna vénéraient[3].

Histoire

modifier

En 700 av. J.-C., la vallée de l'Isle est occupée par les Ligures qui en sont chassés vers 500 av. J.-C. par les Ibères[4].

Vers 200 av. J.-C., « les Pétrocoriens habitent la région située entre la Dordogne et la Vézère », selon Venceslas Kruta[5]. Ils s'installent pendant cette période sur les hauteurs en rive gauche de l'Isle et créent, sur les collines de l'Écornebœuf[6] et de la Boissière, sur l'actuel territoire de Coulounieix-Chamiers, un camp fortifié à la Boissière, également connu sous le nom de « camp de César à la Curade »[7],[8]. Entre les deux collines se trouve la fontaine sacrée des Jameaux[9], probablement dédiée à Ouesona, déesse-mère protectrice des eaux bienfaisantes d'après Claude Chevillot. Les Pétrocores sont installés en Gaule et non en Aquitaine, car avant la conquête romaine, ces deux territoires sont séparés par la rivière Garumna[10].

En 52 av. J.-C., Vercingétorix demande aux Pétrocores d'envoyer 5 000 guerriers, pour l'aider à affronter les légions romaines de Jules César[11].

En 27 av. J.-C., lors de l'organisation administrative de la Gaule effectuée par Auguste, Périgueux est placée dans la province aquitaine[12]. L'oppidum de la Boissière est abandonné et la cité gallo-romaine municipe Vesunna, future Périgueux, est créée entre 25 et 16 av. J.-C. dans une boucle sur la rive droite de l'Isle[13]. Elle bénéficie de la puissance publique romaine[14]. À cette date, Vesunna fait partie des vingt-et-une cités de la province Aquitaine[15].

C'est au Ier siècle apr. J.-C. que la ville, en tant que cité romaine, connait son plus grand essor, principalement sur le point de vue de l'urbanisme, où les plus grands monuments publics sont construits d'après des plans romains, comme le forum, l'amphithéâtre et les thermes[16]. Tout au long du IIe siècle, le chantier urbain se poursuit : on agrandit les bâtiments déjà érigés mais on construit également de plus en plus de domus[16]. À la fin du IIIe siècle, à la suite de l'invasion attribuée aux Alamans, la cité romaine se rétrécit sur cinq hectares et demi[17], en se retirant sur un petit plateau derrière des remparts[18], édifiés entre 276 et 290[4]. Intégrant la moitié nord-ouest de l'amphithéâtre de Vesunna[17], les murailles de la citadelle gallo-romaine sont construites par remploi d'éléments des monuments de la ville (des vestiges subsistent de ces remparts) et cette troisième cité prend le nom de Civitas Petrucoriorum (« cité des Pétrocores »)[13], lieu qui va devenir « la Cité »[19]. Cette enceinte compte à l'époque vingt-quatre tours, vingt-trois courtines et quatre portes, dont seulement deux subsistent aujourd'hui : la porte Normande et la porte de Mars[17],[20].

Selon le géographe Strabon, les Pétrocores travaillent beaucoup le fer[21].

Au début du Ve siècle, les Wisigoths ravagent Vésone, notamment ses édifices religieux, et s'installent sur le site[4], malgré la résistance organisée en l'an 407 par Pégase, l'occupant du siège épiscopal[22],[23]. Vers 465, le roi des Wisigoths, Euric, martyrise l'évêque et interdit le culte catholique en fermant les lieux de culte et en supprimant l'évêché[4]. Ce n'est qu'à partir de l'an 506 que l'évêque Chronope peut restaurer le culte et les églises[4].

Vesunna est devenue, à l'intérieur de l'enceinte gallo-romaine, « La Cité », ville des comtes et évêques du Périgord. À quelques centaines de mètres, à l'est, a été fondée au XIe siècle la collégiale Saint-Front qui a donné naissance à la cité du Puy-Saint-Front[24]. La Cité a fusionné en septembre 1240, avec la cité médiévale voisine (et rivale), du Puy-Saint-Front, pour constituer la ville de Périgueux[25].

Notes et références

modifier
  1. Ptolemée, II, 7, 9.
  2. Gaffiot
  3. Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, vol. 1, Librairie Droz, , 1871 p. (ISBN 978-2-600-02883-7, lire en ligne), p. 162.
  4. a b c d et e Penaud 2003, p. 113-117.
  5. Les Celtes, histoire et dictionnaire, Paris, Robert Laffont, , p. 776.
  6. Claude Chevillot, « Coulounieix-Chamiers – Écorneboeuf », ADLFI. Archéologie de la France - Informations,‎ (lire en ligne).
  7. Penaud 2003, p. 76.
  8. Anne Colin, « État des recherches récentes sur l'oppidum du camp de César (ou de La Curade), Coulounieix-Chamiers (Dordogne) », Aquitania, Bordeaux, vol. 14 « Les âges du Fer dans le Sud-Ouest de la France »,‎ , p. 227-236 (ISSN 2015-9749, lire en ligne).
  9. Wlgrin de Taillefer, Antiquités de Vésone, cité gauloise, remplacée par la ville actuelle de Périgueux, tome 1, Périgueux, 1821, p. 121-122 (lire en ligne)
  10. Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, livre I, 1.
  11. Jean-Luc Aubarbier, Michel Binet et Guy Mandon, Nouveau guide du Périgord-Quercy, Rennes, Ouest-France, , 439 p. (ISBN 2-85882-842-3), p. 22-23.
  12. « Noms antiques des villes & peuples de l'Aquitaine », sur Lexilogos (consulté le ).
  13. a et b Penaud 2003, p. 573-574.
  14. Moreau 1775, p. 20.
  15. Cocula 2011, p. 29.
  16. a et b Lachaise 2000, p. 73.
  17. a b et c Penaud 2003, p. 122-123.
  18. « Histoire de la ville », sur perigueux.fr (consulté le ).
  19. Penaud 2003, p. 120-121.
  20. Lachaise 2000, p. 103.
  21. Lachaise 2000, p. 94.
  22. Lachaise 2000, p. 108.
  23. Guy Penaud, Dictionnaire biographique du Périgord, Périgueux, éditions Fanlac, , 959 p. (ISBN 2-86577-214-4), p. 732.
  24. Charles Higounet et Arlette Higounet, « Origines et formation de la ville du Puy-Saint-Front de Périgueux », Annales du Midi, vol. 90, nos 138-139,‎ , p. 257-274 (lire en ligne).
  25. « Traité d'union de la Cité et du Puy-Saint-Front de Périgueux, 1240 », sur Archives départementales de la Dordogne (consulté le ).

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

modifier

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.Par ordre chronologique de parution :

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier