Hydroélectricité en Italie

Le secteur de l'hydroélectricité en Italie occupe une place majeure : en moyenne, 12 à 17 % (selon les variations climatiques) de la production électrique est d'origine hydraulique.

Centrale Taccani (10,5 MW), mise en service en 1906 à Trezzo sull'Adda.

L'Italie a été un des pays pionniers de l'hydroélectricité : ses premières centrales hydroélectriques furent construites à la fin du XIXe siècle.

Elle se classe en 2022 au 7e rang des producteurs d’hydroélectricité en Europe avec 5,3 % de la production hydroélectrique européenne et au 21e rang mondial avec 0,7 % de la production hydroélectrique mondiale.

La puissance installée du parc hydroélectrique italien est en 2022 au 4e rang européen, avec 8,8 % du total européen, et au 11e rang mondial avec 1,6 % du total mondial.

L'Italie occupe le 1er rang européen pour les centrales de pompage-turbinage avec 14 % du total européen, devant l'Allemagne, l'Espagne, l'Autriche et la France, et le 4e rang mondial derrière la Chine, le Japon et les États-Unis.

Potentiel hydroélectrique modifier

Le potentiel théorique de l'hydroélectricité en Italie a été évalué à 200 TWh/an, dont 47 TWh/an économiquement exploitable ; la production atteignant 45 TWh/an en 2011, on peut constater que le potentiel est exploité à 95 %. La construction de nouvelles centrales a cessé du fait de contraintes techniques, environnementales et économiques ; les seuls développements envisageables résident dans la modernisation et la rénovation d'installations existantes ; il reste cependant un potentiel de développement dans la micro-hydraulique (<100 kW), dont le potentiel économiquement exploitable est évalué à 12,5 TWh/an. Les centrales existantes de moins de 10 MW représentent environ 14 % de la puissance installée totale, dont 11 % au-dessus de 1 MW et 3 % au-dessous[1].

Histoire modifier

Centrale hydroélectrique Esterle, construite de 1906 à 1914 à Cornate d'Adda sur le fleuve Adda, à l'aval de la centrale Bertini, construite de 1895 à 1898.

En 1883, l'ingénieur Lorenzo Vanossi conçoit et installe à Chiavenna le premier générateur électrique de la province de Sondrio actionné par la force hydraulique[2].

La première centrale hydroélectrique italienne de grande taille fut celle de Paderno, sur l'Adda, construite en 1898 par la société Edison, issue en 1884 du Comité de Giuseppe Colombo, qui avait créé en 1883 à Milan la première centrale électrique (thermique) pour l'éclairage du centre de la ville. La puissance installée de la centrale de Paderno n'était que de 10 MW, mais c'était alors la plus grande centrale hydroélectrique d'Europe ; une ligne de 32 km la reliait à Milan pour alimenter le tramway. Le développement de l'hydroélectricité est très rapide : de 1898 à 1908, la puissance installée électrique s'accroit de 429 MW, dont 325 MW hydrauliques. La production d'électricité passe de 40 GWh en 1895 à 1 300 GWh en 1908, 2 800 GWh en 1914 et 20 000 GWh en 1942. En 1918, 75,5 % des centrales hydroélectriques se trouvaient en Italie du nord, 16,5 % en Italie centrale, 7 % en Italie du sud et 1 % dans les îles[3].

Le graphique ci-dessous met en évidence l'importance considérable qu'a eue l'hydroélectricité (Idroelettrica, en rosé à la base du diagramme) depuis les débuts de l'histoire de l'électricité en Italie jusqu'au boom des énergies fossiles des années 1960 :

Évolution de la répartition en % des sources d'électricité en Italie.
Source : Terna

Production hydroélectrique modifier

Selon l'International Hydropower Association, la production hydroélectrique de l'Italie a reculé à 30 TWh en 2022, soit 0,7 % du total mondial (21e rang mondial), très loin derrière la Chine (30,7 %), le Brésil (9,6 %), le Canada (8,9 %), les États-Unis (5,9 %), la Russie (5,0 %) et l'Inde (4,0 %) ; en Europe, l'Italie occupe le 7e rang avec 5,3 % du total européen, derrière la Norvège (22,7 %), la Suède (12,3 %), la Turquie (11,6 %), la France (8,8 %), l'Autriche (6,3 %) et la Suisse (6,0 %)[4].

En 2021, l'Italie se classait au 15e rang mondial avec 1,1 % du total mondial, et au 5e rang européen avec 6,8 % du total européen[5].

En 2020, l'Italie se classait au 15e rang mondial avec 1,1 % du total mondial, et au 4e rang européen avec 7,1 % du total européen[6].

Les centrales hydrauliques ont produit 36,2 TWh en 2017 (après déduction du pompage), contre 42,4 TWh en 2016 et 45,5 TWh en 2015, en baisse de 14,7 % du fait de la faiblesse des précipitations ; elles ont assuré 34,8 % de la production d'électricité renouvelable, 12,2 % de la production électrique totale du pays et 10,9 % de la consommation intérieure brute d'électricité. Après correction des variations climatiques, la production de 2017 s'élève à 46,05 TWh, en baisse de 0,3 %[r 1]. La production hydraulique réelle a chuté de 38 % par rapport à son maximum atteint en 2014 : 58,5 TWh[r 2]. En 2020, elle est remontée à 49,5 TWh[7].

Évolution de la production hydroélectrique en Italie[7]
Production (TWh)196019701980199020002010201520162017201820192020
Hydraulique46,141,347,535,150,954,447,044,338,050,548,249,5
moins Pompagend-1,4-3,3-4,8-9,1-4,5-1,9-2,5-2,5-2,3-2,5-2,7
= hydro net46,139,944,230,341,849,945,141,835,548,245,746,8
Production électrique totale brute[n 1]56,2116,1182,5211,8267,5297,6283,0289,8295,8289,7293,9280,5
% hydro net82 %34,4 %24,2 %14,3 %15,6 %16,8 %15,9 %14,4 %12,0 %16,6 %15,5 %16,7 %

Les variations climatiques entrainent des fluctuations de grande ampleur : par exemple, la production hydroélectrique brute chute de 14 % en 2017, puis remonte de 33 % en 2018.

De 2003 à 2017, les petites centrales (≤ 1 MW) ont augmenté leur production de 60 % (de 1 455 GWh à 2 328 GWh), les centrales de taille moyenne (1 à 10 MW) de 22 % (de 5 732 GWh à 6 979 GWh) et les grandes centrales (> 10 MW) de -9 % (de 29 483 GWh GWh à 26 892 GWh), avec des fluctuations de grande ampleur dues au climat (précipitations) dissimulant la tendance de l'évolution : 25 715 GWh en 2007, 40 160 GWh en 2010 et 44 404 GWh en 2014)[r 3] ; la production normalisée[n 2] est passée de 43 313 GWh en 2004 à 46 047 GWh en 2017, soit +6,3 % en 13 ans[r 4].

Les centrales hydroélectriques italiennes sont réparties selon leurs caractéristiques techniques en trois types[r 5] :

  • centrales au fil de l'eau, qui turbinent simplement les apports naturels ;
  • centrales d'éclusée, dotées d'une capacité de modulation faible : réservoir de capacité allant de 2 à 400 heures de production, permettant une régulation journalière ou hebdomadaire ;
  • centrales de lac ou de réservoir, dotées d'une capacité de modulation de 400 heures ou plus, rendant possible une régulation saisonnière.

La production par type d'aménagement a évolué comme suit :

Production hydroélectrique par type d'aménagement[r 5]
Production (GWh)2003201020142015201620172017/2003% production 2017% puissance 2017
centrales au fil de l'eau14 58321 74125 64920 91919 84717 724+22 %49 %29,8 %
centrales d'éclusée12 32315 91118 53513 21412 59110 067-18 %27,8 %27 %
centrales de lac9 76313 46614 36211 4049 9948 408-14 %23,5 %43,2 %
Total36 67051 11758 54545 53742 43236 199-1,3 %100 %100 %

Les données ci-dessus excluent les centrales de pompage-turbinage pur, dont la production n'est pas considérée renouvelable ; quant aux centrales de pompage-turbinage mixtes, seule leur production issue des apports naturels est prise en compte.

Les principales régions productrices sont en 2017 d'abord les provinces alpines qui regroupent 80 % de la production nationale[r 3] :

Mais les Apennins ont un apport non négligeable :

Puissance installée modifier

La puissance installée des centrales hydroélectriques de l'Italie atteignait 22 635 MW fin 2022 ; c'est le 4e parc hydroélectrique européen, avec 8,8 % du total européen, derrière ceux de la Norvège (33 807 MW), de la Turquie (32 130 MW) et de la France (25 669 MW), et le 11e mondial, avec 1,6 % du total mondial, très loin derrière la Chine (414 811 MW) ; les centrales de pompage-turbinage représentent 35 % de cette puissance : 7 891 MW, au 1er rang européen avec 14 % du total européen. L'Italie a mis en service en 2022 le projet Palestro (3,6 MW) sur la rivière Sesla, en utilisant un barrage existant dont la fonction est de réguler le débit d'eau pour les rizières ; ce projet a été réalisé grâce à un financement participatif impliquant les collectivités locales[4].

Il n'y a pas eu de mise en service en 2021[5].

En 2019, l'Italie a mis en service 95 MW[8].

Nombre et puissance des centrales par taille en 2017[r 6]
TailleNombre%Puissance (MW)%
puissance ≤ 1 MW3 07472 %8414,5 %
puissance de 1 à 10 MW88621 %2 64114 %
puissance > 10 MW3087 %15 38181,5 %
Total4 268100 %18 863100 %

Les données ci-dessus excluent les centrales de pompage-turbinage pur, dont la production n'est pas considérée renouvelable ; quant aux centrales de pompage-turbinage mixtes (celles qui ont une part de production issue des apports naturels), leur puissance totale est prise en compte.

Le nombre des centrales est passé de 1 998 en 2003 à 4 268 en 2017 (+114 %) et leur puissance de 16 970 à 18 863 (+11,2 %)[r 7].

La majeure partie des centrales sont situées dans les provinces alpines du nord du pays : 81,8 % en nombre et 59,5 % en puissance installée, en particulier en Lombardie (652 centrales, 5 141 MW), Piémont (905 centrales, 2 739 MW), Haut-Adige (543 centrales, 1 716 MW), Trentin (268 centrales, 1 632 MW) et Vénétie (393 centrales, 1 171 MW), mais les Abruzzes ont 71 centrales (1 013 MW)[r 8].

Politique énergétique modifier

La loi italienne assure un tarif de rachat garanti pour les centrales hydroélectriques au fil de l’eau d’une capacité allant jusqu’à 250 kW, et des appels d’offres sont organisés pour les centrales hydroélectriques de plus de 10 MW[9].

Les objectifs fixés par le pays pour 2020 sont une production de 42 TWh/an avec 17,8 GW de puissance installée[9].

Principales centrales hydroélectriques modifier

Centrales de pompage-turbinage modifier

L'Italie occupe le 1er rang européen pour les centrales de pompage-turbinage avec 7 891 MW en 2022, soit 14 % du total européen, contre 6 414 MW en Allemagne, 6 164 MW en Espagne, 5 596 MW en Autriche et 5 050 MW en France ; elle se situe au 4e rang mondial derrière la Chine : 44 741 MW, le Japon : 27 470 MW et les États-Unis : 22 008 MW[4].

Principales centrales italiennes de pompage-turbinage
CentraleLocalitéProvinceMise en servicePropriétairePuissance électrique
(MW)
Production moyenne
(GWh)
Hauteur de chute
(m)
Luigi Einaudi[10]EntracqueCuneo (Piémont)1982Enel1 318[n 3]1 4661 000
Roncovalgrande[11]MaccagnoVarèse (Lombardie)1971-74Enel1 040[n 4]984736
Domenico Cimarosa[12]PresenzanoCaserte (Campanie)1991Enel1 0001 276495
Edolo[13],[14]EdoloBrescia (Lombardie)1983-87Enel976[n 5]1 021[n 6]1 260
San Fiorano[15]SelleroBrescia1973Enel560318[n 7]1 403
San GiacomoFano AdrianoTeramo, Abruzzes1947-1998Enel448291657
Riva del Garda (Ponale)[16]Riva del GardaTrente, Trentin-Haut-Adige1929-1955Enel94

Centrales conventionnelles modifier

Les aménagements hydroélectriques les plus importants mettent à profit les eaux de tout un bassin fluvial, avec une cascade de barrages ; par exemple :

  • haute vallée de l'Adda[17] (province de Sondrio, Lombardie) : deux barrages (San Giacomo di Fraele, mis en service en 1950 à 1 951 m d'altitude, réservoir de 64 hm3 ; Cancano, mis en service en 1956 à 1 902 m, réservoir de 123 hm3), et quatre centrales : Premadio (226 MW, chute : 598 m), Grosio (428 MW, chute : 626 m), Lovero (49 MW) et Stazzona (30 MW) ;
  • Val Malenco[18] (province de Sondrio, Lombardie), vallée de la Lanterna : deux barrages (Campo Moro, mis en service en 1958 à 1 951 m d'altitude, réservoir de 11 hm3 ; Alpe Gera, mis en service en 1964 à 2 128 m, réservoir de 68 hm3), et trois centrales : Campo Moro (35 MW, chute : 133 m), Lanzada (210 MW, chute : 1 000 m), (148 MW, chute : 700 m) ;
  • Valchiavenna[2] (province de Sondrio, Lombardie) : huit centrales d'une puissance totale de 382 MW sur les torrents Liro et Mera jusqu'au lac de Come ; la principale est la centrale de Mese : 170 MW, mise en service en 1927 et réhabilitée en 2009 ;
  • Tagliamento[19] (province d'Udine, en Frioul-Vénétie Julienne) : 26 centrales d'une puissance totale de 319 MW sur les fleuves Tagliamento et Isonzo et le torrent Cellina ; les deux principales sont celles de Somplago et d'Ampezzo.
Principales centrales hydroélectriques en Italie
CentraleRivièreLocalitéProvinceMise en serviceExploitantPuissance
(MW)
Production moyenne
(GWh)
Hauteur de chute
(m)
Grosio[20],[17],[21]AddaGrosioSondrio (Lombardie)1960-2002A2A428598
Galleto[22]VelinoTerniTerni, Ombrie1929ERG326654
Premadio[20],[17],[23]AddaValdidentroSondrio (Lombardie)1960-2002A2A226647
Lanzada[18]LanternaSondrio (Lombardie)1955Enel2102801 000
Timpagrande[24],[25]ArvoCotroneiCrotone, (Calabre)1963-80A2A191266539
Pont Ventoux Susa[26]Doire ripaireJaillonsTurin, Piémont2005Iren Energia Spa150
Sondrio[18]LanternaSondrio (Lombardie)1960Enel148410700
ProvvidenzaVomanoCampotostoL'Aquila, Abruzzes1949Enel14170287
Orichella[24],[25]ArvoSan Giovanni in FioreCosenza, (Calabre)1980-81A2A129144471
MontorioVomanoMontorio al VomanoTeramo, Abruzzes1955Enel110195258

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Nette du pompage.
  2. Corrigée des effets des variations climatiques, selon la directive 2009/28/EC.
  3. Usine de Chiotas : 1 184 MW, usine de Rovina : 134 MW ; 1 365 MW en pompage.
  4. 784 MW en pompage.
  5. 976 MW selon Hydrelect, 1 280 MW selon Industcards.
  6. Dont gravitaire : 224 GWh.
  7. La centrale de San Fiorano est de type mixte : gravitaire (productible : 318 GWh) et pompage-turbinage.

Références modifier

  1. p. 33
  2. p. 34
  3. a et b p. 73
  4. p. 75
  5. a et b p. 74
  6. p. 67
  7. p. 68
  8. p. 69
  • Autres références :
  1. (en) World Energy Resources 2013 - Hydro, page 5.25, Conseil mondial de l'énergie, 2013.
  2. a et b (it) Nucleo idroelettrico di Mese, Edipower, consulté le 24 juillet 2016.
  3. L'industrie électrique en Italie, article d'Étienne Dalmasso dans les Annales de géographie, 1964, no 398.
  4. a b et c (en) 2023 World Hydropower Outlook (pages 29, 32-34 et 69-70), Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2023.
  5. a et b (en) [PDF] 2022 Hydropower Status Report p. 7, 9, 27-29, 47, Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2022.
  6. (en) 2021 Hydropower Status Report [PDF], p. 6-9, 30-33, 47, Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), .
  7. a et b (it) Dati Storici 1883-2020 (page 157), Terna.
  8. (en) 2020 Hydropower Status Report [PDF], p. 28-31, 45, Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juin 2020.
  9. a et b (en) 2016 Hydropower Status Report (Rapport 2016 sur l'état de l'hydroélectricité) [PDF], p. 54, 56, Association internationale de l'hydroélectricité (IHA), juillet 2016.
  10. « Barrage de Chiotas - Centrale Luigi Einaudi », Hydrelect (consulté le )
  11. « S.T.E.P. Delio - Roncovalgrande », Hydrelect (consulté le )
  12. (en) Domenico Cimarosa (Presenzano) Hydroelectric Plant, DOE Global Energy Storage Database, décembre 2013.
  13. « S.T.E.P. de Edolo, Val Camonica », Hydrelect (consulté le )
  14. (en) Pumped-Storage Plants in Europe - other countries, Industcards (archive).
  15. (it) L'impianto idroelettrico di generazione e pompaggio Lago d'Arno - San Fiorano, ENEL, 1972.
  16. (en) Hydroelectric Plants in Italy - Trentino-Alto Adige, Industcards (archive).
  17. a b et c « Haute vallée de l'Adda », Hydrelect (consulté le )
  18. a b et c « Val Malenco - Lombardie », Hydrelect (consulté le )
  19. (it) Nucleo idroelettrico di Udine, Edipower, consulté le 24 juillet 2016.
  20. a et b (en) Hydroelectric Plants in Italy - Lombardy - Sondrio, Industcards (archive).
  21. (it) Impianto di Grosio, A2A.
  22. (it) La centrale di Galleto, E.ON-Italia.
  23. (it) Impianto di Premadio, A2A.
  24. a et b (it) Caratteristiche Tecniche del Nucleo Idroelettrico della Calabria, A2A, consulté le 24 juillet 2016.
  25. a et b (en) Hydroelectric Plants in Southern Italy, Industcards (archive).
  26. (en) Hydroelectric Plants in Italy - Piedmont, Industcards (archive).

Voir aussi modifier

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