Fresques de la vie de saint François à Assise (Giotto)

Les fresques de la vie de saint François à Assise couvrent les murs de la nef de l'église supérieure de la basilique Saint-François d’Assise en Ombrie (Italie).

Nef de l'église supérieure.

Elles sont réalisées par Giotto di Bondone[1] dans la dernière décennie du XIIIe siècle, appelé par Fra Giovanni Minio da Morrovalle [2], général des Franciscains, pour y peindre la vie de saint François (1182–1226). Selon certains historiens de l'art, elles sont entreprises immédiatement après 1296 (c'est-à-dire après les Histoires de l'Ancien et du Nouveau Testament, présentes dans le registre supérieur de la nef), pour d'autres entre 1292 et 1296.

Premiers ouvrages authentiques propices à apprécier la force et la liberté d'inspiration de Giotto, elles y côtoient des œuvres de Simone Martini (v. 1280–1344), les Épisodes de la vie et de la Passion du Christ, d'Ambrogio Lorenzetti (v. 1290-1348), La Madone et les Saints et Les Stigmates.

Attribution

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Il est communément admis, comme le veut la tradition historiographique établie à partir des témoignages les plus anciens (Riccobaldo da Ferrara, Ghiberti et Vasari), que les fresques du cycle franciscain d'Assise sont de Giotto. Dans l'un des textes les plus cités, celui de Ghiberti, on lit : « Il a peint [Giotto] dans l'église d'Assise de l'ordre des frères mineurs presque toute la partie inférieure » : cela a été compris par beaucoup comme indiquant le cycle franciscain le long de la partie basse de la basilique supérieure ; d'autres, au contraire, l'entendent comme une référence aux fresques de l'église inférieure et ne croient pas que Giotto soit l'auteur du cycle franciscain. Giorgio Vasari dans Les Vies déclare que Giotto a été appelé par Giovanni Minio da Morrovalle, général de l'ordre franciscain de 1296 à 1304, période pendant laquelle les fresques ont pu être peintes. L'attribution traditionnelle du cycle de fresques à Giotto est déjà sérieusement remise en question au début du XXe siècle, surtout par les historiens et critiques d'art anglo-saxons (Rintelen, Oertel, Meiss). Les historiens italiens, en revanche, restent largement convaincus de la validité de la thèse de Vasari, avec l'attribution certaine à Giotto.

Des études récentes de Federico Zeri et Bruno Zanardi[3], restaurateur de la Basilique d'Assise après le tremblement de terre de 1997, ont remis en question l'attribution à Giotto de l'ensemble du cycle, qui pourrait être l'œuvre de maîtres romains, dirigés par Pietro Cavallini, le seul grand peintre gothique qui étrangement ne serait pas présent sur le chantier d'Assise. Selon cette thèse, la main de Giotto n'est identifiée que dans les fresques de l'église inférieure, les seules qui montrent la même technique picturale que les fresques de la chapelle des Scrovegni à Padoue.

La « Questione giottesca » d'Assise demeure ouverte, mais les historiens, après avoir hésité, semblent maintenant plus enclins à maintenir l'attribution traditionnelle à Giotto, en raison de sa manière inimitable d'organiser les scènes, de sa maîtrise de la perspective intuitive dans les arrière-plans, du réalisme, de l'éloquence sans fioritures des gestes et des physionomies. Cette « questione », d'un sujet pour spécialistes de l'histoire de l'art, est devenue plus récemment un sujet de discussion plus large du fait de la notoriété du prix Nobel Dario Fo, qui dans un livret [4] a pris une position drastique dans la diatribe, réfutant à Giotto la paternité des histoires franciscaines.

Historique et technique

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La décoration des murs sur lesquels figurent les scènes de la vie de saint François a été élaborée selon la technique du trompe-l'œil, depuis le rideau peint au-dessus des scènes de la vie du saint jusqu'au cadre architectural fictif qui encadre chacune d'elles.

Chaque baie de la nef est divisée en trois parties (quatre dans le cas de la baie la plus large près de l'entrée) par des colonnes torsadées s'élevant depuis la base de la peinture. Les scènes de la vie de saint François sont ainsi peintes comme si elles avaient été conçues dès la construction de l'église.

C'est au travers de ses fresques que Giotto affirme son style. Selon Giorgio Vasari, ce fut Fra Giovanni Minio da Morrovalle, général des Franciscains de 1296 à 1304, qui l'appela à Assise, pour y peindre la vie de saint François. Certains experts estiment que Giotto - qui travaillait probablement à Assise vers 1290 - a peint le cycle de la « Vie de saint François » vers cette époque. Cette datation antérieure repose sur les différences de style notables entre les fresques d'Assise et celles de Padoue, que l'on ne peut expliquer que par un long intervalle temporel. Les fresques racontent la vie de saint François : la vocation, le renoncement aux biens de ce monde, le Latran qui croule, la rencontre avec le Sultan d'Égypte, le prêche aux oiseaux…

Ces fresques montrent bien en quoi Giotto fut un précurseur. Les scènes utilisent les principes de la perspective qui ont d'abord été formulés dans les deux scènes de la Vie d'Isaac sur les murs du transept, dont l'attribution est incertaine, mais qui pourraient avoir été peintes par Giotto jeune. Malgré l'impression d'unité créée par les fresques de l'église supérieure, celles de Giotto sont facilement reconnaissables, non seulement pour leur style, mais aussi parce qu'elles montrent un nouveau traitement dans la technique de la fresque - qui a d'ailleurs permis une meilleure conservation - par rapport à ce qui se faisait auparavant.

Que ce soit Giotto ou un autre peintre, les scènes ne montrent pas toujours la même qualité d'exécution, elles ont donc certainement été peintes par plusieurs mains du même atelier sous la supervision d'un protomagister. L'importance du « cycle franciscain » réside dans ses solutions révolutionnaires : la disposition des scènes diffère nettement des cadres géométriques conçus par Cimabue et d'autres peintres du XIIIe siècle pour qui la surface était essentiellement bidimensionnelle, et était donc traitée comme une page enluminée avec des motifs purement décoratifs. Pour Giotto, en revanche, l'espace pictural devait recréer un volume tridimensionnel et justifier l'interruption entre les scènes à travers une série de colonnes simulant une galerie, développant une idée déjà utilisée, par exemple, dans les mosaïques du baptistère de Florence.

Un habile dosage de contraste rend l'évidence plastique des personnages, tandis que l'utilisation d'architectures raccourcies, jouant le rôle d'ailes de perspective, crée des espaces dans lesquels les personnages se déplacent naturellement et de manière cohérente : par exemple, ils peuvent tourner le dos avec respect, à l'observateur, chose inconcevable jusqu'alors. La composition est exempte des schématismes et des symétries des tableaux précédents, même si à côté de scénarios naturels et réalistes architecturalement, demeurent encore des représentations au goût archaïque, toutes les vues n'étant pas rendues avec la même exactitude comme les villes et les bâtiments des trois premières travées du mur gauche.

Détails des fresques

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Énumération, en commençant par le mur de droite et du côté du chœur.

1. Un habitant d'Assise étend son manteau sous les pas de François.
2. François donne sa tunique à un mendiant.
3. Christ lui apparaît en songe, et lui montre un palais rempli d'armes.
4. Le Crucifix de Saint-Damien lui ordonne de réparer les ruines de l'église.
5. Il renonce à tout bien terrestre, malgré la colère de son père, et se réfugie dans les bras de l'évêque Guide.
6. Le rêve d'Innocent III, voyant en songe François qui soutient l'église du Latran sur le point de s'écrouler
7. Innocent III approuve la règle des frères mineurs.
8. Les frères mineurs voient François rayonnant de gloire sur un char de feu.
9. François et un de ses compagnons en prière voient un ange qui leur montre cinq trônes vides (étimasie).
10. François chasse les démons de la ville d'Arezzo.
11. Il annonce au Sultan d'Égypte qu'il est prêt à subir l'épreuve du feu.
12. Ravi en extase, il converse avec Dieu.
13. Il célèbre à Greccio le mystère de Noël.
14. Il fait jaillir l'eau de la montagne pour désaltérer un paysan.
15. Il prêche devant les oiseaux.
16. Il prédit la mort d'un gentilhomme de Celano, son hôte.
17. Il prêche devant le pape Honorius III.
18. Il apparaît au chapitre des frères réunis à Arles, pendant un sermon de saint Antoine de Padoue
19. Il reçoit les stigmates, sur le mont de la Verna.
20. Les frères célèbrent les funérailles de François, dont l'âme est portée au ciel par les anges.
21. Le frère Agostino et l'évêque d'Assise sont informés en songe de la mort de François.
22. Jérôme d'Assise se convainc de la vérité des stigmates.
23. Le corps de François translaté solennellement à San Damiano d'Assise est reçu devant l'église par sainte Claire et ses sœurs.
24. Canonisation de François, et miracles obtenus par son intercession
25. François apparaît au pape Grégoire IX pour lui prouver la réalité des stigmates. À noter que le drapé comporte des écritures pseudo-coufiques[5].
26. Il guérit d'une blessure mortelle un jeune homme de Lérida, qui lui était dévot.
27. Il ressuscite, à Monte Murano, près de Bénévent, une femme morte en péché, qui lui était dévote.
28. Il fait délivrer de prison Pierre d'Assise, accusé d'hérésie.

Postérité

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Plusieurs fresques du cycle font partie du musée imaginaire de l'historien français Paul Veyne, qui le décrit dans son ouvrage justement intitulé Mon musée imaginaire[6].

Bibliographie

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  • (it) Maurizia Tazartes, Giotto, Milan, Rizzoli, , 189 p. (ISBN 978-88-17-00448-0).
  • (it) Edi Baccheschi, L'opera completa di Giotto, Milan, Rizzoli, (traduction (ISBN 9782080112194)).
  • (en) Janet Robson, Donal Cooper, The Making of Assisi, the Pope, the Franciscans and the Painting of Basilica, 2013.
  • Luciano Bellosi, Giotto, in Dal Gotico al Rinascimento, Scala, Firenze 2003. (ISBN 88-8117-092-2)

Source de traduction

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Notes et références

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  1. On s'accorde généralement à reconnaître aujourd'hui que les vingt-huit fresques de la Vie de saint François, peintes sur les deux murs de la nef et au revers de la façade, sont toutes de la main de Giotto.
  2. Selon Vasari
  3. Bruno Zanardi, Giotto e Pietro Cavallini
  4. Giotto o non Giotto; a cura di Franca Rame. Modena 2009 (ISBN 9788857001395)
  5. « Les motifs géométriques » (vidéo), Qantara, Institut du monde arabe
  6. Paul Veyne, Mon musée imaginaire, ou les chefs-d'œuvre de la peinture italienne, Paris, Albin Michel, , 504 p. (ISBN 9782226208194), p. 36-43.

Voir aussi

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Articles connexes

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Annexes

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  • L'artiste plasticien français Philippe Guesdon a consacré une part importante de ses recherches à la relecture des fresques d'Assise peintes par Giotto. Ce travail a été présenté dans le musée de Vendôme au printemps 2018, dans la chapelle Notre Dame de la Croix de Marciac à l'été 2018 et sera présenté dans le cellier de l'Abbaye d'Auxerre début 2019.[réf. nécessaire].

Liens externes

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À l'occasion du huitième centenaire de la fondation de l'Ordre Franciscain, les fresques réalisées par Giotto ont été restaurées et ont fait l'objet d'un événement touristique courant 2010 site I colori di Giotto.