Élections fédérales mexicaines de 2012

élections au Mexique

Les élections fédérales des États-Unis mexicains de 2012 se sont tenues le dimanche et comprenaient :

Élections présidentielle et législatives mexicaines de 2012
le président de la République, 128 sénateurs et 500 députés fédéraux
Type d’électionPrésidentielle et législatives
Campagne30 mars - 27 juin 2012
Débat(s)6 mai, 10 et 19 juin 2012
Corps électoral et résultats
Inscrits79 454 802
Votants50 323 153
63,14 % en augmentation 4,6
Votes exprimés50 323 153
Votes nuls1 241 154
Enrique Peña Nieto –
Voix19 226 784
38,21 %
Andrés Manuel López Obrador –
Voix15 896 999
31,59 %
Josefina Vázquez Mota – Parti action nationale
Voix12 786 647
25,41 %
Gabriel Quadri (es) – Parti nouvelle alliance
Voix1 150 662
2,29 %
Résultats par État
Carte
  • EPN
  • AMLO
  • JVM
Président du Mexique
SortantÉlu
Felipe Calderón
PAN
Enrique Peña Nieto
PRI
ife.org.mx
Urnes de vote à Mexico.
Bulletins de vote à Mexico.

Constitution

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Le président est selon la Constitution mexicaine de 1917 non éligible à une réélection.

Projet de réforme avorté

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Le président Calderón annonça en décembre 2009 une série de propositions visant à réduire le nombre de législateurs au Congrès, ainsi qu'à instituer un autre mécanisme pour l'élection présidentielle, propositions qui n'ont pas encore été approuvées par le Congrès de l'Union. Si elles sont approuvées, les réformes suivantes seront appliquées :
  • 400 députés fédéraux (240 par 160 par représentation proportionnelle et le reste par scrutin majoritaire uninominal), élus pour une période de trois ans, renouvelable jusqu'à 12 ans.
  • 96 sénateurs de la République, (3 pour chaque État), élus au scrutin plurinominal pour une période de six ans, renouvelable une fois.
  • un président élu à la majorité absolue; au cas où aucun candidat ne l'obtient au premier tour, un second tour aurait lieu.

Modes de scrutin

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Le président du Mexique est élu au scrutin uninominal majoritaire à un tour pour un mandat de six ans non renouvelable.

Le Congrès de l'Union est un parlement bicaméral. Sa chambre basse, la Chambre des députés, est dotée de 500 députés élus pour trois ans selon un mode de scrutin parallèle. 300 sièges sont à pourvoir au scrutin uninominal majoritaire à un tour dans autant de circonscriptions électorales tandis que les 200 restants le sont au scrutin proportionnel plurinominal à liste bloquées. Après décompte des suffrages dans les cinq circonscriptions régionales les sièges répartis à la proportionnelle le sont sans seuil électoral, mais en prenant en compte les résultats du scrutin majoritaire pour en ajuster la répartition de manière qu'aucun parti ne remporte au total plus de 300 sièges, ce seuil étant néanmoins porté à 315 si le parti a recueilli plus de 60 % des suffrages[1].

La chambre haute, le Sénat de la République, est quant à elle dotée de 128 sénateurs élus pour six ans selon un mode de scrutin parallèle similaire en principe à celui de la chambre basse, mais selon des modalités différentes. 96 sont à pourvoir au scrutin majoritaire binominal dans trente deux circonscriptions de trois sièges chacune correspondants aux États du Mexique plus le district fédéral de la capitale Mexico. Les partis présentent un binôme de candidats dans chacune d'elles, et est élu sénateurs le binôme ayant recueilli le plus de voix dans sa circonscription ainsi que l'un des membres du binôme arrivés en deuxième position, dit sénateur minoritaire. Enfin, les 32 sièges restants sont élus au scrutin proportionnel plurinominal à liste bloquées[2].

Le vote est de jure obligatoire, mais aucune sanction n'est appliquée aux abstentionnistes[2].

Déroulement des élections

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L'ensemble du processus électoral, qui commence le , est supervisé par l'Institut fédéral électoral.

L'élection du président est surveillée par 696 observateurs étrangers venant de 69 pays différents dont l'Algérie, la Libye, la Slovénie, Taïwan et le Cameroun. Les urnes sont surveillées par 2 millions de citoyens assermentés, appartenant à tous les partis politiques[réf. nécessaire].

Campagne

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L'équipe de campagne de Peña Nieto aurait bénéficié des services du consultant politique controversé Juan José Rendón (qui avait auparavant contribué aux campagnes d'Álvaro Uribe, de Porfirio Lobo ou encore d'Henrique Capriles) et de son pirate informatique Andrés Sepúlveda. Ce dernier, selon ses propres aveux, disposait avec son équipe de 600 000 dollars de budget pour manipuler les réseaux sociaux et créer un enthousiasme factice pour la campagne de Peña Nieto, injecter des logiciels espions dans les programmes informatiques des candidats adverses, et voler des plans de campagnes. Andrés Sepúlveda est actuellement emprisonné en Colombie pour avoir, en relation avec la campagne présidentielle d'Óscar Zuluaga, espionné des responsables politiques et militaires ; tandis que Juan José Rendón est suspecté d'avoir reçu de fortes rétributions financières des narcos-paramilitaires pour faire valoir leurs intérêts auprès des autorités colombiennes[3].

Andrés Manuel López Obrador, le candidat du mouvement progressiste, est l'objet d'une campagne médiatique le présentant comme un antidémocrate. Certains documents lui font dire qu'il est prêt à prendre le pouvoir par les armes[4]. Une enquête du quotidien britannique The Guardian révèlera en 2012 que Televisa, la principale chaîne du Mexique avec 70 % de part d’audience, a vendu ses services au PRI pour « rehausser la stature nationale » d'Enrique Peña Nieto, tout en ayant mis au point une stratégie destinée à « torpiller » Andrés Manuel López Obrador[5].

Durant les mois qui précédent l'élection, certains États dirigés par le PRI détournent une partie de l'argent public destinés aux programmes sociaux, pour fournir aux plus démunis des paquets alimentaires et améliorer son image auprès de cette frange de la population. Cette opération clientéliste sera plus tard conne sous le nom de « Sorianagate », pour un cout estimé à 440 millions de dollars[6]. Des milliers de porte-monnaie électroniques sont par ailleurs troqués contre des engagements de soutien à la candidature d'Enrique Peña Nieto, avec la promesse de voir leur solde (entre 20 et 40 dollars) activé le jour suivant l'élection si ce dernier l'emporte[7].

Dans le cadre du scandale Odebrecht — multinationale brésilienne qui proposait des pots-de-vin à des politiciens latino-américains en échange de contrats avantageux —, plusieurs cadres de l'entreprise indiquent que celle-ci a versé plusieurs millions de dollars pour la campagne présidentielle du candidat du PRI Peña Nieto[8]. Emilio Lozoya, proche collaborateur d'Enrique Peña Nieto devenu président de Pemex entre 2012 et 2016, reconnait à son tour que 4,4 millions de dollars versés par Odebrecht au Mexique ont financé la campagne présidentielle de Peña Nieto[9]. Le groupe financier Monex serait également impliqué dans le financement illégal de la campagne, ainsi que des sociétés directement liées au narcotrafic[10].

Candidats à la présidentielle

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Sept partis différents présentaient quatre candidats pour la présidence.

AlliancePartisCandidatNotes
Parti action nationale (PAN) Josefina Vázquez MotaPremière femme candidate d'un parti majeur
Secrétaire au Développement social du Mexique (2000-2006)
Secrétaire à l'Éducation publique du Mexique (2006-2009)
Mouvement Progressiste Andrés Manuel López ObradorDéjà candidat du parti en 2006 où il perdit de très peu face à Calderón (0,56 %)
Ancien chef de gouvernement du District fédéral (2000-2005)
Engagement pour le Mexique Enrique Peña NietoGouverneur de l'État de Mexico de 2005 à 2011
Parti Nouvelle Alliance (PNA) Gabriel Quadri de la Torre (en)

Résultats

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Présidentielle

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Résultats de l'élections présidentielle mexicaine de 2012
CoalitionCandidatVotes%
Engagement pour le MexiqueEnrique Peña Nieto19 158 59239,19
Mouvement progressisteAndrés Manuel López Obrador15 848 82732,42
Parti action nationale (PAN)Josefina Vázquez Mota12 732 63026,04
Parti nouvelle alliance (PNA)Gabriel Quadri de la Torre (en)1 146 0852,34
Votes valides48 886 13497,49
Votes blancs et nuls1 257 4822,51
Total50 143 616100
Abstention29 348 67036,92
Inscrits/Participation79 492 28663,08
Source : Institut fédéral électoral du Mexique

Législatives

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Résultats des élections législatives mexicaines de 2012
Partis et coalitionsCirconscriptionsListesTotal
sièges
+/-
Votes%Sièges+/-Votes%+/-Sièges
Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)14 866 84931,45184  11915 960 08633,59  5,5349213  24
Parti vert écologiste du Mexique (PVEM)2 019 1764,2713  93 054 7186,43  0,671528  7
Candidats communs PRI-PVEM2 052 4624,340-
Total coalition Engagement pour le Mexique18 938 48740,06177  1119 014 80440,02  6,2064241  17
Parti de la révolution démocratique (PRD)8 194 67117,3459  209 194 63719,53  6,6244103  32
Parti du travail (PT)1 372 4802,904  12 294 4594,83  0,961115  2
Mouvement citoyen (MC)1 285 4352,728  82 000 5244,21  1,60917  11
Candidats communs PRD-PT-MC2 561 5665,420-
Total coalition Mouvement progressiste13 414 15228,3871  2913 489 62028,39  9,0064135  45
Parti action nationale (PAN)12 885 56327,2652  1812 960 87527,28  2,3862114  29
Parti nouvelle alliance (PNA)2 031 5374,300 2 041 6084,30  0,681010  1
Votes valides47 269 73994,9747 506 90794,93
Votes blancs et nuls2 506 2305,032 535 9565,07
Total49 775 969100300 50 042 863100-200500
Abstention29 716 31737,3829 449 42337,05
Inscrits/Participation79 492 28662,6279 492 28662,95

Sénatoriales

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Résultats des élections sénatoriales mexicaines de 2012
Partis et coalitionsCirconscriptionsListesTotal
sièges
+/-
Votes%Sièges+/-Votes%+/-Sièges
Parti révolutionnaire institutionnel (PRI)14 795 54631,4541  1415 673 35133,09N/A1152  19
Parti vert écologiste du Mexique (PVEM)2 065 2814,397  52 880 0806,08N/A29  3
Candidats communs PRI-PVEM1 609 1813,420-
Total coalition Engagement pour le Mexique18 470 00839,2648  1918 553 43139,18  10,411361  22
Parti de la révolution démocratique (PRD)8 316 40217,6816  610 261 00521,67N/A622  4
Parti du travail (PT)1 403 5492,983  22 336 8264,93N/A25
Mouvement citoyen (MC)1 298 8682,760  32 024 5284,27N/A11  4
Candidats communs PRD-PT-MC2 585 8525,500-
Total coalition Mouvement progressiste13 604 67128,9219  714 622 35930,88  0,34928  8
Parti action nationale (PAN)13 120 53327,8929  1212 327 21226,03  8,54938  14
Parti nouvelle alliance (PNA)1 845 4393,920 1 854 6783,92  0,2411
Votes valides47 040 65194,2247 357 68094,18
Votes blancs et nuls2 886 2865,782 928 9485,82
Total49 926 93710096 50 286 628100-32128
Abstention29 565 34937,1929 205 65836,74
Inscrits/Participation79 492 28672,8179 492 28663,26

Après le scrutin

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Contestation

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Selon l'opinion de Mathilde Gérard du Monde, « pour de nombreux jeunes Mexicains, M. Peña Nieto symbolise les dérives autoritaires et clientélistes du PRI - le parti historique qui a gouverné le pays sans interruption de 1928 à 2000 »[11]. C'est ainsi qu'ils ont perturbé son discours à l'Université ibéro-américaine de Mexico, le , au point qu'il ne put terminer son discours.

Le mouvement étudiant anti néo-libéral Yo soy 132, présent sur les médias sociaux, tente alors de mobiliser les jeunes électeurs contre de possibles arrangements. Par exemple, celui qui relierait le réseau de télévision Televisa, recevant 80 % des audiences, et le PRI[12]. En effet, s'il existe un système d'équilibre du temps de parole dont l'Institut électoral, garant, fournit les statistiques[12], cela n'implique pas qu'il y ait équité dans la bienveillance des médias[13].

Les dernières élections en 2006 gagnées par le candidat du PAN ayant donné lieu a des contestations, López Obrador ne reconnaissant pas sa défaite et accusant le parti vainqueur de fraudes électorales. Le parti vainqueur, cette fois le PRI, est accusé par lui d'achat de votes[13]: pour recevoir le pot-de-vin, il faudrait envoyer une photo dans l'isoloir du bulletin coché[13].Le procédé ne serait pas nécessairement illégal au Mexique[réf. nécessaire]et López Obrador reconnait lui-même que le nombre de voix achetées serait d'un peu plus de 3500, ce qui est infime sur un pays de plus de 113 millions d'habitants[14].

Le PAN, parti du président sortant, n'a lui pas contesté les résultats.

Notes et références

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  1. MEXIQUE Cámara de Diputados (Chambre des Députés) Union Interparlementaire
  2. a et b MEXIQUE Cámara de Senadores (Sénat) Union Interparlementaire
  3. « Cómo Hackear una Elección », Bloomberg.com,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Au Mexique, les uns votent, les autres trichent », Le Monde diplomatique,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. Renaud Lambert, « En Amérique latine, des gouvernements affrontent les patrons de presse », sur Le Monde diplomatique,
  6. « Estados compraron $ miles de millones a Soriana en despensas », sur Aristegui Noticias, .
  7. (es-MX) DEMOS, Desarrollo de Medios, S.A. de C.V., « Repudian en 16 estados la compra masiva de votos a favor del PRI », La Jornada,‎ (lire en ligne).
  8. « Caso de corrupción de Odebrecht salpica a presidente de México », TeleSUR,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Scandale Odebrecht au Mexique : l’ex-patron de Pemex placé en détention provisoire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  10. « Cártel de Juárez, proveedor del PRI y financiador en la campaña de Peña Nieto », sur Aristegui Noticias.com, .
  11. « Les étudiants sortent la présidentielle mexicaine de sa torpeur », sur Le Monde, (consulté le )
  12. a et b Monitoreo 2012, Instituto Federal Electoral
  13. a b et c Patrick Bèle, « Soupçons de fraudes sur l'élection mexicaine », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
  14. [1]