Parti modéré de rassemblement

parti politique suédois

Le Parti modéré de rassemblement (en suédois : Moderata samlingspartiet), souvent appelé pour simplifier Les Modérés (en suédois : Moderaterna) est un parti politique libéral conservateur suédois fondé en 1904, membre du Parti populaire européen et de l'Union démocrate internationale.

Parti modéré de rassemblement
(sv) Moderata samlingspartiet
Image illustrative de l’article Parti modéré de rassemblement
Logotype officiel.
Présentation
PrésidentUlf Kristersson
Fondation
SiègeStora Nygatan 30, Gamla stan, Stockholm
Secrétaire généraleKarin Enström
PositionnementCentre droit[1],[2] à droite[3]
IdéologieLibéral-conservatisme[4]
Europhilie[2]
Affiliation européenneParti populaire européen
Groupe au Parlement européenPPE
Affiliation internationaleUnion démocrate internationale
CouleursBleu
Site web moderat.se
Présidents de groupe
RiksdagTobias Billström
Parlement européenManfred Weber (PPE)
Représentation
Députés
68  /  349
Députés européens
4  /  20
Conseillers de comté
418  /  1662
Conseillers municipaux
2966  /  12978

Le parti s'est successivement appelé Ligue électorale générale (en suédois : Allmänna valmansförbundet) (1904-1938), Organisation nationale de la droite (en suédois : Högerns riksorganisation) (1938-1952), Parti de la droite (1952-1969) (en suédois : Högerpartiet). Il prend son nom actuel (Moderata Samlingspartiet) en 1969. En 2006, le parti s'est baptisé de façon non officielle Les Nouveaux Modérés (suédois : Nya Moderaterna)[5].

Il est depuis 1979 la première force politique au sein de la droite suédoise et le deuxième parti politique du pays. Il a hissé Carl Bildt au poste de Premier ministre entre 1991 et 1994, puis Fredrik Reinfeldt, de 2006 à 2014. Son président est depuis 2017 Ulf Kristersson.

Historique modifier

Affiche électorale de 1914 insistant sur la priorité de défense militaire.

Origines modifier

Le parti modéré de rassemblement a été fondé le dans un restaurant de Stockholm appelé Runan. L'objectif était alors de mettre sur pied une organisation de campagne électorale pour soutenir le groupe conservateur récemment formé au Riksdag. Au XIXe siècle, les conservateurs s'étaient organisés eux-mêmes au Riksdag, mais ils n'avaient jamais reçu le soutien d'un parti politique. La droite traditionnelle suédoise était également menacée par la montée du Parti social-démocrate (fondé en 1889) et des libéraux (1902). Le parti nouvellement formé a été baptisé Ligue électorale générale (en suédois : Allmänna valmansförbundet).

Au début de son histoire, le parti était clairement nationaliste et farouchement conservateur. L'importance d'une défense forte a été soulignée. Au cours de la crise politique de défense en 1914, le parti a tenu tête au Roi.

Arvid Lindman (souvent appelé « l'amiral ») est vite devenu influent au sein du parti et a été Premier ministre de Suède à deux reprises. En 1907, il a proposé l'instauration du suffrage universel masculin pour l'élection des membres du Riksdag. Il a été officiellement élu chef en 1912.

En 1928, le parti a obtenu le meilleur résultat de son histoire lors d'élections générales, avec environ 29 % des suffrages exprimés.

Les années 1930 ont vu la Ligue minée par des dissensions internes quant à la manière d'appréhender le nazisme. Son organisation de jeunesse, la « Ligue nationale pour la jeunesse de la Suède » (suédois : Sveriges Nationella Ungdomsförbund) a été pro-nazi[6] et a mis en place des « groupes de combattants » pour lutter contre des ennemis politiques dans la rue. Le parti-mère n'a pas approuvé ce genre et développement et en 1933 elle se sépare de la Ligue nationale pour la jeunesse. Tandis que le parti mettait en place sa nouvelle organisation de jeunesse, « Les jeunes Suédois », l'ancienne ligue pour la jeunesse s'est muée en parti politique pro-nazi pour prendre part aux élections. Il restera marginal.

Le parti de droite modifier

Réunion publique au Vasaparken le 25 mai 1950.

En 1934, les sociaux-démocrates ont formé un nouveau gouvernement. Ils ont gardé le pouvoir sans interruption jusqu'en 1976, la Ligue formant le principal parti d'opposition. En 1938, le parti a été rebaptisé Organisation nationale de la droite (en suédois : Högerns Riksorganisation). La droite dans son ensemble a ensuite participé au gouvernement d'union nationale avec les sociaux-démocrates au cours de la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle la Suède est restée neutre.

En 1952, il prend le nom de Parti de droite (Högerpartiet). Sous la direction de Jarl Hjalmarson, le Parti de droite a commencé à émerger comme leader de l'opposition au gouvernement. L'année mouvementée de 1968, la révolte des étudiants et une majorité absolue pour les sociaux-démocrates ont poussé le parti à changer à nouveau de nom, pour finalement opter pour Parti modéré de rassemblement (en suédois Moderata Samlingspartiet, généralement juste dénommé Les modérés, en suédois Moderaterna) en 1969.

Les Modérés : le premier parti de la droite modifier

En 1970, Gösta Bohman prit la tête des Modérés. Sous sa férule, le parti entama sa mue du conservatisme traditionnelle au libéralisme. En 1976, à la suite de la victoire des partis de droite aux élections législatives, les Modérés se joignirent au gouvernement du nouveau Premier ministre issu du Parti du centre Thorbjörn Fälldin, Gösta Bohman prenant les rênes du ministère de l'économie. Ce premier gouvernement fut défait deux ans plus tard et lui succéda l'espace d'un an, un gouvernement dirigé par le libéral Ola Ullsten, à la tête d'une coalition constituée des mêmes trois partis. Lors des élections législatives de 1979, les partis de droite remportèrent un siège de plus que les partis de gauche, et formèrent un nouveau gouvernement. Néanmoins, alors que les Modérés représentaient à l'issue de ces élections et pour la première fois, le premier parti non-socialiste du pays, c'est de nouveau à Thorbjörn Fälldin que revint le poste de premier ministre, qu'il conserva jusqu'en 1982.

Carl Bildt (1986-1999).

En 1986, Carl Bildt devint le président. Gendre de Bohman alors, il porta de nouveau son parti lors des élections législatives de 1991. Alliés aux autres formations de droite le Parti du centre, Les Libéraux et les Chrétiens-démocrates, les Modérés conduisirent pour la première fois un gouvernement depuis 1930, de 1991 à 1994, dont Carl Bildt prit la tête. Soutenu par la Nouvelle démocratie, un parti d'extrême droite avec laquelle les tensions furent vives, ce gouvernement mena de nombreuses réformes libérales (réduction des dépenses publiques et baisse des impôts) ainsi que les négociations finales en vue de l'adhésion de la Suède à l'Union européenne.

Composition du Riksdag après les élections législatives de 2006 : les Modérés sont situés tout à fait à droite.

À la suite des deux défaites consécutives du centre droit aux élections législatives de 1994 et de 1998, Bo Lundgren remplaca Bildt à la tête du parti. Celui-ci fut remplacé en 2003 par Fredrik Reinfeldt, à la suite du résultat catastrophique du parti lors des élections législatives de 2002, où il fut talonné de peu par les Libéraux. Optant pour un recentrage des Modérés en matière économique et sociale, Reinfeldt forma l'Alliance pour la Suède, coalition regroupant les quatre partis du centre droit, en vue des élections législatives de 2006. Cette stratégie d'alliance mena à la victoire du centre droit et la formation du gouvernement Reinfeldt.

Le Parti modéré s'allie à la formation d’extrême droite des Démocrates de Suède pour les élections législatives de 2022. Les conservateurs entendent disposer du soutien de l'extrême droite au parlement sans avoir à la faire entrer au gouvernement[7].

Idéologie modifier

Les Modérés déclarent que leur idéologie est un mélange de libéralisme et de conservatisme.

Le parti met l'accent sur le libéralisme économique, la privatisation, la promotion des libertés individuelles et la réduction du secteur public[8]. Le dirigeant du parti, Ulf Kristersson, fait de la réduction des prestations sociales sa priorité. Dans son livre "Non-Working Generation", sorti en 1994, il compare la réglementation du marché du travail et le système de protection sociale en Suède à l'Apartheid en Afrique du Sud, estimant qu'il s'agit d'un « système oppressif encourageant à l'assistanat ». Il promet par ailleurs de baisser la fiscalité pour les entreprises[9].

Ils soutiennent également activement l'adhésion à l'Union européenne, prenant position en faveur de l'adoption de l'euro lors de la campagne du référendum de 2003. Le parti est opposé à toute forme de discrimination et s'est prononcé en faveur du mariage de personnes de même sexe.[réf. nécessaire] Il soutient l'abandon de l'objectif que la Suède s'était fixé dans les années 1960 de consacrer 1 % de son revenu brut national (RNB) à l’aide publique au développement (APD)[10].

Organisation modifier

Les Modérés sont dirigés par un président (Partiledare). Il ou elle est assisté(e) par le conseil du parti.

Il est organisé au niveau national, des comtés et des municipalités. Chaque comté envoie des délégués au Congrès du Parti, qui se tient tous les deux ans.

Les jeunes membres sont organisés dans la Ligue des jeunes modérés. Il n'y a pas d'organisation étudiante officielle bien que la Confédération suédoise des conservateurs et des libéraux étudiants, qui était liée au parti, reste proche de celui-ci. Les personnes âgées peuvent se joindre aux affaires des « séniors modérés » (en suédois : Moderata seniorer).

Électorat modifier

Selon des études de comportement électoral suédois menées à l’université de Göteborg[11], les Modérés sont historiquement forts autour de Stockholm et en Scanie. Ils sont généralement plus faibles dans le nord de la Suède. Leurs électeurs traditionnels sont les cols blancs et les autres travailleurs du secteur privé, le plus souvent percevant des revenus plus élevés que la moyenne nationale. Les hommes sont également plus nombreux que les femmes parmi leurs électeurs.

Dirigeants modifier

Résultats électoraux modifier

Élections parlementaires modifier

AnnéeVotes%RangDéputésGouvernement
1911168 69131,32e
64  /  230
Opposition
03/1914286 25037,71er
86  /  230
Opposition
09/1914267 12436,52e
86  /  230
Opposition
1917182 07024,73e
59  /  230
Opposition
1920183 01927,82e
70  /  230
Opposition
1921449 30225,82e
62  /  230
Opposition
1924461 25726,12e
65  /  230
Opposition
1928692 43429,42e
73  /  230
Lindman II
1932585 24823,52e
58  /  230
Opposition
1936512 78117,62e
44  /  230
Opposition
1940518 34618,02e
42  /  230
Hansson III
1944488 92115,82e
39  /  230
Hansson III
1948418 78612,34e
23  /  230
Opposition
1952543 82514,43e
31  /  230
Opposition
1956663 69317,13e
41  /  231
Opposition
1958750 33219,52e
45  /  231
Opposition
1960704 36516,63e
39  /  232
Opposition
1964582 60913,74e
33  /  233
Opposition
1968621 03112,94e
32  /  233
Opposition
1970573 81211,54e
41  /  350
Opposition
1973737 58414,33e
51  /  350
Opposition
1976847 67215,63e
55  /  349
Fälldin I et Ullsten
19791 108 40620,32e
73  /  349
Fälldin II et III
19821 313 33723,62e
86  /  349
Opposition
19851 187 33521,32e
76  /  349
Opposition
1988983 22618,32e
66  /  349
Opposition
19911 199 39421,92e
80  /  349
Bildt
19941 243 25322,42e
80  /  349
Opposition
19981 204 92622,92e
82  /  349
Opposition
2002809 04115,32e
55  /  349
Opposition
20061 456 01426,32e
97  /  349
Reinfeldt
20101 791 76630,12e
107  /  349
Reinfeldt
20141 453 51723,32e
84  /  349
Opposition
20181 284 69819,82e
70  /  349
Opposition
20221 237 42819,103e
68  /  349
Kristersson

Élections européennes modifier

AnnéeVotes%RangDéputésGroupe
1995621 56823,172e
5  /  22
PPE
1999524 75525,752e
5  /  22
PPE-DE
2004458 39818,352e
4  /  19
PPE-DE
2009596 71018,832e
4  /  18
PPE
2014507 48813,653e
3  /  20
PPE
2019698 77016,832e
4  /  20
PPE

Notes et références modifier

  1. « Suède : Le chef du parti des Modérés chargé de mener des consultations », sur challenges.fr, (consulté le )
  2. a et b (en) « Sweden » , sur europeelects.eu (consulté le )
  3. (en) Josep M. Colomer, Comparative European Politics, Routledge, , 320 p. (ISBN 978-1-134-07354-2, lire en ligne).
  4. (en) Wolfram Nordsieck, « Parties and Elections in Europe » (consulté le ).
  5. (en) Jennifer Lees-Marshment, Chris Rudd et Jesper Stromback, Global Political Marketing, Routledge (ISBN 978-1-135-26140-5, lire en ligne), p. 52.
  6. (sv) « Anteckningar till ”Med högern för Sveriges framtid av Gösta Lindskog” », sur moderaterna.net.
  7. « L’extrême droite suédoise dédiabolisée par les conservateurs », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  8. Corinne Deloy, « Elections législatives suédoises : percée attendue des populistes de droite », sur www.robert-schuman.eu, (consulté le ).
  9. « Ulf Kristersson, un conservateur sous la menace de l'extrême droite », sur LExpress.fr,
  10. « Aide au développement : la Suède revoit ses ambitions à la baisse », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne)
  11. Allmänna valen Kap 4

Voir aussi modifier

Liens externes modifier