Le Musée national archéologique d’Athènes (en grec moderne : Εθνικό Αρχαιολογικό Μουσείο) est le principal musée archéologique de Grèce. Il dépend directement du Directorat général des antiquités rattaché au ministère grec de la Culture. Il est dirigé en 2021 par Ánna-Vasilikí Karapanagiótou[3]. Il possède l’une des plus vastes collections d’antiquités grecques au monde. Il abrite plus de 20 000 objets datant de la préhistoire à la fin de l'Antiquité venus de l'ensemble de la Grèce[N 1].
Le Musée épigraphique d'Athènes (Επιγραφικό Μουσείο) occupe les salles 1, 2, 9-10 et 114. Il présente des inscriptions couvrant toute l'Antiquité, depuis l'époque protohistorique jusqu'à l'Antiquité tardive.
Le Musée national abrite par ailleurs une vaste collection de photographies, une bibliothèque de recherche, des laboratoires de conservation des objets en métal, terre cuite, pierre et matière organique, un laboratoire photographique et un laboratoire chimique. Le musée accueille également des expositions temporaires.
L'Assemblée nationale de Trézène, en 1827, durant la guerre d'indépendance grecque, vota un article constitutionnel qui interdisait toute exportation d'antiquités. En 1829, la quatrième Assemblée nationale réaffirma cette interdiction et le nouveau κυβερνήτης (gouverneur) Ioánnis Kapodístrias prit des dispositions légales pour la faire appliquer. Il décida aussi de fonder le premier Musée national archéologique de Grèce, le . Ce dernier s'installa dans le bâtiment d'un orphelinat sur Égine et son premier conservateur en chef fut l'érudit corfiote Andreas Moustoxydis. Dès 1830, un premier catalogue, réalisé par l'archimandrite L. Kambanis était publié.
Le musée suivit le déplacement de la capitale et fut successivement installé à Nauplie, puis, à partir de 1834, à Athènes dans le « Théséion », la tour des Vents ou la bibliothèque d'Hadrien. La première des lois grecques concernant l'archéologie, votée en 1834, prévoyait la construction d'un bâtiment spécifique pour abriter le « Musée public central d'Antiquités », comme on décida alors de l'appeler. Cependant, celle-ci tarda, les projets étant refusés les uns après les autres. L'accroissement des collections, en grande partie dû aux travaux des écoles archéologiques étrangères travaillant en Grèce, la rendit encore plus urgente. Elle commença finalement en 1866[1],[4],[5].
Un premier projet fut confié dès 1834 à Leo von Klenze, l'architecte de Louis Ier de Bavière, père du roi de Grèce Othon. Von Klenze était l'architecte de la glyptothèque et de la pinacothèque de Munich. Il s'inspira d'ailleurs de ce dernier bâtiment pour une « Galerie nationale de sculpture » prévue à l'angle sud-est de l'Acropole (là où fut plus tard érigé le musée de l'Acropole), mais le projet fut jugé trop austère. Von Klenze proposa un nouveau bâtiment, plus imposant, qu'il appela le « Pantechneion » et qu'il envisageait de construire sur la colline Ághios Athanásios, dans le Céramique (là où il avait un temps prévu d'élever le palais royal). Le projet proposait deux bâtiments asymétriques : un rectangulaire et une rotonde reliés par un portique, qui devaient rappeler ainsi les Propylées et l'Érechthéion de l'Acropole. Le coût trop élevé du projet en empêcha la réalisation[6],[7].
D'autres architectes européens proposèrent alors leurs propres projets, tous rejetés. Finalement, le roi Othon organisa à partir du un concours international, jugé par l'Académie de Munich. À nouveau, les projets, quatorze en tout, présentés au public en 1861, furent rejetés, même si le projet d'un architecte italien, Arturo Conti, fut plébiscité par le public. Le roi lui accorda alors la croix du Sauveur[6],[7].
Ludwig Lange, professeur d'architecture à l'Académie de Munich et auteur du musée de Leipzig, proposa, de sa propre initiative, des nouveaux plans : un bâtiment carré, organisé autour de deux cours, avec une colonnade en façade. La chute d'Othon et les problèmes financiers du pays empêchèrent à nouveau le projet de se réaliser et la proposition de Lange fut oubliée. Une campagne de presse à partir de 1864 demanda la construction d'un musée. Un comité fut créé afin d'y réfléchir à partir des plans de Conti. Ceux de Lange furent alors redécouverts et jugés supérieurs. Le , un décret royal de Georges Ier décida de la construction, confiée à l'architecte Panagiótis Kálkos(en), d'un « Musée archéologique national[N 2] » sur la colline d'Ághios Athanásios, à partir de plans de Lange. Les travaux commencèrent, mais l'emplacement, au cœur d'un site archéologique posa problème et les travaux s'arrêtèrent. Un terrain fut offert par Eléni Tosítsa(en), à côté de Polytechnique, dans le but de construire le musée. Un nouveau décret royal fut signé le et la première pierre fut posée le en présence du souverain, du gouvernement, de députés et de membres du Saint Synode[8].
La construction prit cependant du retard en raison du décès de Panagiótis Kálkos, remplacé par Armódios Vláchos[9], puis de problèmes de financement. La partie centrale de l'aile ouest fut achevée en 1874. Le principal changement par rapport aux plans de Lange était la disparition de la colonnade. Theophil Hansen fut contacté. On lui proposa de poursuivre la construction. Il refusa : il n'aimait pas les plans de Lange. Il suggéra par contre de tout reprendre à zéro, au sud de l'Acropole, pour un coût de sept millions de drachmes. L'État grec refusa. Finalement, son élève Ernst Ziller accepta de prendre la relève. Il remania les plans de Lange et donna au musée son aspect néo-classique. Il reprit la proposition qu'il avait faite pour le musée archéologique d'Olympie : un portique avec quatre colonnesioniques en façade et une de chaque côté de la porte ; deux galeries latérales à pilastres carrés terminées par un portique avec un fronton vide et des statues de terre cuite au-dessus du porche (la marque de fabrique de Ziller). L'aile sud fut complétée en 1885 et l'aile nord en 1889. Commencé en 1866, le bâtiment principal fut achevé en 1889 grâce à des financements de l’État grec (qui à partir de 1854 réserva sur son budget annuel la somme insuffisante de 10 000 drachmes), de la Société archéologique d'Athènes et de mécènes dont Eléni Tosítsa qui offrit le terrain, Dimítrios Bernardákis(en), un Grec vivant à Saint-Pétersbourg, qui donna 200 000 drachmes en 1856 puis son fils, Nikólaos, qui offrit 100 000 francs au début des années 1870[1],[10],[7],[11],[12].
Dès les premières années, le musée se révéla insuffisant pour accueillir des collections toujours plus abondantes. Une première extension fut réalisée de 1903 à 1906 : trois salles, conçues par l'architecte grec Anastásios Metaxás, furent ajoutées vers l'est, dans l'axe de l'entrée principale. À nouveau, elles furent rapidement insuffisantes. Une nouvelle extension, importante cette fois-ci, fut réalisée entre 1932 et 1939, par l'architecte grec Geórgios Nomikós, toujours vers l'est. L'extension de 1903-1906 fut démolie et remplacée par un bâtiment de deux étages où les bureaux et les laboratoires furent aussi installés, ainsi que des réserves en sous-sol. Il donna au musée son organisation actuelle autour de deux cours intérieures, avec près de 8 000 m2 d'exposition[1],[10],[7],[11],[13].
Le transfert des collections nationales commença dès 1874, alors même que le bâtiment était encore en construction. Le Premier ministreCharílaos Trikoúpis suggéra en 1881 de baptiser définitivement le « Musée central » en « Musée national archéologique ». Aux collections déjà rassemblées à Athènes vinrent se joindre en effet des objets de l'ensemble du pays. En 1884, la Société archéologique d'Athènes commença à y transférer ses collections. En 1890, le collectionneur grec Ioánnis Dimitríou(en) fit don de sa collection d'antiquités égyptiennes. D'autres collectionneurs firent de même : Eléni Stathátou(el), Konstantínos Karapános ou Grigórios Empedoklís(el). La première présentation des collections fut réalisée par l'éphore des antiquités Panayiótis Kavvadías principalement, aidé de Chrístos Tsoúntas pour la préhistoire et Valérios Stáis pour les petits objets. Elle était thématique : sculpture, céramique, statuettes en terre cuite et en bronze, inscriptions (maintenant déplacées au Musée épigraphique d'Athènes), collection mycénienne, collection égyptienne. La taille, relativement petite au début du XXe siècle du musée faisait qu'il était assez encombré : les stèles étaient par exemple accrochées au mur comme des tableaux[1],[11],[14].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, une grande partie des collections furent dispersées pour éviter les pillages : cachées sous du sable dans les réserves du musée, sous les salles mêmes du musée, dans les fosses creusées pour l'occasion, dans les coffres de la Banque de Grèce voire dans des grottes de l'Attique. Le bâtiment lui-même fut alors utilisé pour abriter l'orchestre national, la poste et le Ministère de la santé. Pendant la guerre civile, il fut endommagé par les combats et servit de prison. Il fallut avant toute chose restaurer le bâtiment, et principalement son toit. Pendant les travaux, financés par le plan Marshall, une présentation réduite des collections fut concentrée dans trois puis dix salles de l'aile ouest. La réouverture partielle eut lieu en 1946 avec une exposition célébrant le centenaire de l'École française d'Athènes. Ensuite, le directeur du musée Chrístos Karoúzos(el) et son épouse Sémni Karoúzou réorganisèrent les collections dans un ordre chronologique (de la préhistoire à la Grèce romaine) en collaboration avec l'architecte Pátroklos Karantinós qui réorganisa les espaces. Le musée rouvrit entièrement en 1964. La collection égyptienne fut à nouveau exposée à partir de 1994[1],[15].
Le musée a été fermé du au pour rénovation, après le tremblement de terre de 1999, mais aussi en préparation des Jeux olympiques d'été de 2004[11],[16]. Les salles ont ouvert ensuite progressivement. Depuis juin 2008, la collection égyptienne est à nouveau visible. À cette occasion, les horaires ont été étendus : le musée est désormais ouvert jusqu'à 20 h[17]. Le 26 février 2009, quatre nouvelles salles, financées par l'Union européenne ont ouvert, achevant ainsi la rénovation. Elles exposent 2 500 objets jusque-là en réserve : idoles en céramique, bijoux en or, objets de verre ainsi que des objets chypriotes et la collection Vlastós-Serpiéris[18],[19].
En 2017, la barre des 500 000 visiteurs est franchie, avec une hausse de 18,4% par rapport à 2016[20]. En 2019, le musée a battu son record de fréquentation avec 608 876 entrées, avant que la pandémie de Covid-19 ne fasse chuter le nombre de visiteurs en 2020[2].
Le tableau ci-dessous présente le nombre de visiteurs gratuits et payants par année et par mois. La deuxième colonne indique le nombre total de visiteurs annuels. Source : Autorité hellénique de la statistique (ELSTAT), mars 2021.
Le tableau ci-dessous présente les recettes par année et par mois en euros (€). La deuxième colonne indique les recettes totales annuelles. Source : Autorité hellénique de la statistique (ELSTAT), mars 2021.
La salle 5 du rez-de-chaussée abrite la collection « pré-mycénienne » : Néolithique et âge du bronze ancien et moyen (6 800 à 1 600 av. J.-C.). Les objets, organisés de façon chronologique, proviennent d'habitats et de cimetières de Grèce continentale et des îles de l'Égée, dont d'importantes découvertes dans l'Égée du Nord-Est[24].
La partie néolithique provient principalement de sites de Thessalie, les premières sédentarisations d'une population passant à l'agriculture et l'élevage. Les objets exposés sont surtout des objets de la vie quotidienne : vases, vaisselle, outils, armes et bijoux. La présentation est chronologique afin de permettre d'appréhender les évolutions techniques, comme l'introduction du tour de potier. On peut aussi voir quelques figurines masculines et féminines, en argile, dont le « Penseur »[24].
La partie consacrée à l'âge du bronze présente des objets caractéristiques des cultures de l'Égée du Nord-Est, en bronze et en or provenant de Poliochni sur Lemnos, mais aussi de Troie (offerts par Sophie Schliemann, l'épouse de Heinrich Schliemann). Sont exposés aussi des objets retrouvés dans des tombes : tumulus helladique ancien de Leucade, tombes de l'Helladique moyen à Sésklo et Dimíni et de la poterie mynienne vernissée noire d'Orchomène en Béotie[24],[25].
La salle 6 offre une importante collection d'art cycladique, avec ses célèbres idoles. Elle est organisée de façon chronologique, mais aussi en fonction des provenances. Les découvertes de Phylakopi sur Milos par la British School at Athens font l'objet d'une présentation particulière. L'« Idole d'Amorgós » est l'une des plus grandes jamais retrouvées : elle mesure 1,50 m (XXVIIIe – XXVIe siècle av. J.-C.). Cette salle contient aussi les musiciens (joueur de harpe et flûte) provenant de Kéros, des « poêles à frire », des vases de marbre (kandiles) et de la céramique cycladique, ainsi que les fragments des fresques de Phylakopi[26],[27],[28].
Les fresques polychromes d'Akrotiri, sur Santorin, ainsi que de la vaisselle, des armes et des outils sont exposés en haut de l'escalier au premier étage, salle 48. Akrotiri, qui fut détruite à son apogée au XVIe siècle av. J.-C., est considérée comme une « Pompéi » de l'Égée. Elle fut alors recouverte par une épaisse couche de pierre ponce conservant intactes ses maisons à étages. Elle était alors sous influence minoenne (motifs décoratifs sur les céramiques, fresques murales et adoption du Linéaire A).
Les fresques ont été découvertes lors des fouilles des années 1967-1974 par Spyrídon Marinátos : la fresque du « printemps » (avec des crocus et des hirondelles) couvre trois murs mais la plus célèbre est celle dite des « boxeurs ». Elles ont été peintes sur des murs recouverts de plâtre humidifié, ce qui a permis leur conservation. Quelques détails furent ajoutés après séchage.
Les céramiques présentes dans cette salle sont des vases polychromes à motifs floraux (lys, crocus) et animaux (chèvres, dauphins), motifs importés du continent ou de Crète. On peut aussi voir la reconstitution d'un lit et d'un panier[29],[30],[31].
Les salles 3 et 4 du rez-de-chaussée, face à l'entrée, sont consacrées à la civilisation mycénienne. La petite salle 3 contient divers objets de l'époque mycénienne, provenant de l'Attique (Athènes, Brauron, Markópoulo et Salamine) et de l'ensemble de la Grèce[32],[33].
La vitrine centrale de la plus grande salle (no 4) abrite les objets trouvés dans la tombe no V du cercle A de Mycènes, dont le célèbre masque funéraire en or, que Heinrich Schliemann lors de sa découverte baptisa « masque d'Agamemnon », remontant au XVIe siècle av. J.-C. Martelé au repoussé à partir du visage du mort avant son enterrement, il peut être considéré comme une sorte de portrait. La même vitrine contient un poignard en bronze damasquiné en or et argent et représentant une scène de chasse aux félins[32],[33].
Les vitrines sur le côté exposent les autres objets trouvés dans les tombes des cercles A et B de Mycènes : vaisselle, bijoux et armes. Les rhytons (vases à libation en forme d'animaux), en métal précieux (or et argent) ou en pierre (marbre, albâtre, obsidienne mais aussi cristal de roche) y sont nombreux[32],[33].
Cette salle expose aussi les coupes en or de la tholos de Vaphio, près de Sparte, découvertes en 1889 ; des tablettes inscrites en linéaire B ; un sceau en or du trésor de Tirynthe ; ainsi que la « Dame de Mycènes », un fragment de fresque considéré comme la première représentation naturaliste en Occident (XIIIe siècle av. J.-C.)[32],[33].
Découvert par Schliemann en 1876, lors des fouilles des tombes du cercle A. Authenticité du masque incertaine. De plus, les tombes du cercle A sont datées du XVIe siècle av. J.-C., environ trois siècles avant l'histoire ou le mythe d'Agamemnon et de la guerre de Troie.
Coupe en or, à deux anses et décor d'oiseaux, trouvée par Heinrich Schliemann à Mycènes, en 1876, qui l'a identifiée comme la « Coupe de Nestor » décrite dans l'Iliade. Mais les tombes du cercle A sont désormais datées du XVe siècle av. J.-C., environ trois siècles avant la guerre de Troie, si on la considère comme un événement historique.
Les salles 7 à 13, toujours au rez-de-chaussée, abritent les sculptures de l'époque archaïque (VIIIe – VIe siècle av. J.-C.), principalement des kouroï (type canonique plus ou moins inspiré par l'Égypte et les xoana anciens : un jeune homme nu dont une jambe, le plus souvent la gauche, est avancée), et des korai (statue de jeune femme, en péplos)[34],[35].
Ce qui constitue le motif le plus constant c'est l'image du corps humain et la représentation du nu dans la Grèce antique, tout particulièrement le corps des hommes, le corps féminin étant, à de très rares exceptions près, plus ou moins voilé.
Objet
Description
Origine et datation
776
Statuette de déesse en ivoire
Statuette de déesse nue, trouvée au cimetière du Dipylon.
Porte un bandeau orné de méandres. Influence syrienne probable.
Bien que le pied gauche soit avancé, le poids de la figure est réparti de manière égale sur les deux pieds. Le corps et la tête sont alignés, créant un équilibre et une symétrie. Fixée sur un cou cylindrique, la tête est large et carrée. Le visage est plat et les lèvres se courbent en un sourire archaïque.
Il manque les extrémités des pattes, des ailes et de la queue. Le sphinx, assis sur ses pattes arrière, porte une couronne haute, avec trois rosettes en relief. Des résidus de couleur brune sont conservés sur la couronne, tandis que les ailes étaient peintes en rouge et bleu.
Hauteur 90 cm. Les ailes manquent, ainsi qu'une partie des bras et des jambes. Les doigts de la main gauche subsistent sur la hanche. La Victoire est représentée en vol.
Le nez et le menton sont endommagés. Les cheveux, tenus par un bandeau, sont arrangés en longues tresses tombant sur les épaules. L'arrière de la tête n'est pas traité.
Le visage long et étroit a une expression de calme. Les grands yeux en amande, protubérants, sont de style archaïque. La forme de la bouche et des lèvres montre un faible sourire attique.
La statue porte sur sa base le nom d'Aristodikos, un jeune aristocrate athénien.
Le traitement des muscles, le mouvement des bras et la vigueur de l'exécution placent la statue à la fin de la série des kouroi, marquant la transition entre la sculpture archaïque et le premier style classique.
La statue en bronze du « dieu de l'Artémision » (vers ), qui pourrait représenter Zeus ou Poséidon selon les interprétations (il pourrait aussi bien brandir un foudre qu'un trident), trouvée au fond de la mer, au large du cap Artémision (nord de l'Eubée) et l'un des symboles du Musée national archéologique d'Athènes, est dans la salle 15. Cette statue, haute de 2,09 m est un des rares bronzes grecs originaux du Ve siècle av. J.-C. ; elle pourrait être attribuée à Calamis.
Une copie romaine de l’Apollon à l'omphalos, attribué au même Calamis, est visible à côté.
« Zeus » ou « Poséidon ». Bronze, attribué à Calamis. 2,09 m de haut. Trouvé en 1928 dans l'épave du cap Artémision, en même temps que le jockey de l'Artémision.
L'attribut manque. S'il s'agit du foudre, comme sur la statuette précédente, c'est Zeus, dieu du Ciel. Mais si l'attribut est un trident, c'est son frère, Poséidon, dieu de la mer.
Les spécialistes font remarquer les proportions un peu archaïques des membres et de la tête.
Les salles 16 à 18 exposent des stèles funéraires, datant principalement de la fin du Ve siècle av. J.-C. On pense que la fin des travaux de l'Acropole aurait libéré de nombreux artistes qui se seraient alors mis au service des particuliers. Les stèles gagnent en monumentalité avec le temps (jusqu'au décret de qui cherchait à en limiter la taille) et donc au fil des salles. Les salles exposent aussi des lécythes, vases funéraires blancs, comme le lécythe de Myrrhinè (vers ), trouvé sous la place Sýntagma et donné au musée en 1960, représentant Hermèspsychopompe guidant Myrrhiné vers l'Achéron[36],[37],[39].
L'éphèbe, probablement un jeune athlète victorieux, porte la main à son front pour se couronner. La couronne métallique était sertie dans le marbre par dix trous de fixation.
HermèsPsychopompe conduit à Hadès la jeune femme dont le nom est inscrit au-dessus de sa tête.
Lécythe funéraire de marbre pentélique, 0,97 × 1,56 m. Au centre de l'image, Hermès Psychopompe (« guide des âmes ») est identifié par sa chlamyde, ses chaussures ailées et son bâton. Il conduit la jeune Myrrhinè vers Hadès. À gauche se trouvent les parents de la défunte, menés par un vieillard, peut-être son père, qui lève la main en un signe de dernier salut.
Tombe de deux enfants : les noms des défunts figurent sur l'inscription.
Trouvé à Vari, en Attique, dans l'ancien dème d'Anagyrous. Une jeune fille offre de sa main gauche un oiseau à son jeune frère qui s'apprête à l'attraper.
L'inscription gravée sur l'épistyle indique que le monument a été érigé par les parents des deux enfants, Mnèsagora et Nikokharès.
La jeune fille défunte, nommée Aristylla, tient un oiseau ; elle porte un chitôn court et un himation. Elle fait ses adieux à sa mère Rhodilla, assise devant elle, vêtue d'un chitôn.
Stèle en marbre pentélique : le défunt, de face, tient un oiseau et tend la main vers une cage. Un jeune esclave, triste, se tient à ses pieds et un chat est assis sur une console.
L'épitaphe indique : ΗΓΗΣΩ ΠΡΟΞΕΝΟΥ : « Hègèsô, fille de Proxénos ». La défunte est assise sur une chaise luxueuse. Une servante lui présente une pyxide (boîte à bijoux).
Cette stèle d'exception a été souvent attribuée au sculpteur Callimaque.
En salle 20, on peut voir l'« Athéna du Varvakéion », réplique romaine de la statue chryséléphantine du Parthénon, trouvée en 1880 près de l'école athénienne du même nom. L'« Athéna Lenormant » est elle aussi une copie (inachevée) en marbre pentélique, trouvée près de la Pnyx et datant probablement du Ier siècle. Dans la salle suivante, on trouve le « Jockey de l'Artémision » (vers ), retrouvé dans les années 1920, en morceaux épars dans une épave au large du cap Artémision (Eubée). Il a été en partie restauré (ventre et queue du cheval). Une Niké, une couronne dans les mains, est gravée sur la cuisse droite du cheval. On peut aussi voir dans cette salle la copie romaine du Diadumène de Polyclète (Ier siècle). Des éléments de décoration du temple d'Asklépios à Épidaure, dont une « Victoire ailée », acrotère central du fronton, sont en salle 22[36],[37],[38],[41].
Copie romaine du Ier siècle av. J.-C. d'un original de
243
Hermès Criophore
Copie romaine du IIe siècle d'un original de la fin du Ve siècle av. J.-C. (description du musée), attribué à Naucydès (Naukydès), sculpteur de l'école de Polyclète, ou adaptation libre romaine du type du Doryphore (Legrand)[42].
Statue d'Hermès en marbre pentélique trouvée à Trézène en 1890. Le dieu est nu avec une chlamyde et porte un pétase sur la tête. De la main droite, il serre les cornes d'un bélier assis à côté de lui.
Copie romaine du IIe siècle trouvée à Trézène en 1890.
Copie d'après un original attribué à Naukydès, fin du Ve siècle av. J.-C.
Les salles suivantes sont consacrées au « second classicisme », considéré comme plus dramatique, après le déclin d'Athènes, surtout face à la puissance macédonienne. Des stèles funéraires plus tardives sont dans les salles 23 à 27. La stèle dite de l'Ilissos ou du chasseur, datée de et attribuée à l'atelier de Scopas, sinon au sculpteur lui-même est exposée en salle 23. Un jeune homme, une arme de jet pour la chasse au lièvre à la main, est représenté de face, signe qu'il n'est plus. À ses pieds, se trouvent son chien et son esclave. À ses côtés, de profil (et donc vivant), un homme âgé qui pourrait être son père. À l'entrée de la salle 28 se dresse la stèle, sous forme de naïskos, du guerrier Aristonautes. Datée de 350-325 av. J.-C. et rappelant le travail de Scopas, elle a été retrouvée dans le Céramique. Des bronzes retrouvés au fond de la mer sont en salle 28 : l'« éphèbe de Marathon » (330-325 av. J.-C.) attribué à l'école de Praxitèle et l'« éphèbe d'Anticythère » ()[36],[37],[38],[41].
Relief votif en forme de temple. Inscription sur la base : ΑΡΧΙΝΟΣ ΑΜΦΙΑΡΑΩ ΑΝΕΘΗΚΕΝ « Archinos a dédié à Amphiaraos »)
Trois scènes dans l'ordre chronologique : le chirurgien opère un jeune homme à l'épaule ; puis, la nuit, celui-ci est visité en rêve par un serpent guérisseur ; enfin, guéri, il consacre une stèle à Amphiaraos, héros médecin.
Les sculptures hellénistiques sont rassemblées dans les salles 29 et 30 du rez-de-chaussée. On y trouve ainsi des statues monumentales de Thémis ou de Poséidon (). Le célèbre groupe d’Aphrodite et Pan (vers ), en marbre de Paros, provenant de Délos, où la mythologie le dispute à l'érotisme est visible en salle 30[36],[43],[44].
Tête de bronze d'un pugiliste, trouvée à Olympie. Nez écrasé et oreilles déformées d'un boxeur, sans doute vainqueur, puisqu'il reste deux feuilles d'olivier dans ses cheveux.
Tête en marbre pentélique, trouvée au Céramique, à Athènes. Alexandre porte une peau de lion, attribut commun sur ses portraits monétaires qui fait allusion à son ascendant mythique, le héros Héraclès. Les lettres gravées sur le visage sont postérieures.
Stèle funéraire du IIe siècle av. J.-C., trouvée sur l'île de Rhénée, en face de Délos. Elle montre une défunte, une jeune esclave à ses pieds, portant un éventail.
Le cheval, autant que l'enfant jockey, se concentrent au moment de l'effort final. Il n'est pas certain que les deux éléments appartiennent à l'origine au même groupe.
Statuette en marbre d'un garçon avec un chien, trouvée en Asie Mineure et apportée à Athènes par des réfugiés, en 1922. Le jeune enfant est surnommé « Το προσφυγάκι » (le petit réfugié). Il porte une cagoule attachée sous le cou et tient un petit chien dans ses bras. Hauteur 0,63 m.
Statue hellénistique colossale, provenant d'un sanctuaire de Poséidon à Mélos. Elle est probablement due à un sculpteur local des Cyclades. Un dauphin sert d'appui à la jambe droite.
Les sculptures romaines quant à elles se trouvent en salles 31 à 33 du rez-de-chaussée. On peut y voir des portraits impériaux, ainsi qu'une partie d'une statue équestre d'Auguste, en bronze. La salle 31A abrite toute une collection de poteaux hermaïques ainsi que des bustes d'éphèbes et de cosmètes (qui supervisaient l'entraînement des éphèbes dans les gymnases) provenant du gymnase de « Diogène » à Athènes[36],[43].
Les salles 36 à 39 du rez-de-chaussée sont consacrées aux petits objets de bronze, dont une bonne partie provient de la « collection Karapános », fruit des fouilles faites par ce dernier à Dodone en 1875-1877. La salle 36 propose des objets de l'époque géométrique : figurines animales et humaines, des bijoux placés dans une tombe reconstituée et des chaudrons (IXe siècle av. J.-C.). Des tablettes votives et des masques provenant du sanctuaire de Zeus à Dodone s'y trouvent aussi, à côté de statuettes des VIe et Ve siècles av. J.-C. : un Zeus brandissant son foudre, un cavalier (identifié comme un des Dioscures) formant une paire avec une statuette similaire au Louvre, un joueur de flûte et une divinité féminine (peut-être Aphrodite). Le sanctuaire d'Olympie a fourni la majorité des objets de la salle 37 : des panneaux (vers ) avec des aigles, des griffons, Héraclès tirant sur un centaure et une « maîtresse des animaux », des armes et armures et une tête de Zeus (vers 520-). La salle 38 abrite les découvertes faites sur l'Acropole dont une Athéna Promachos du début du Ve siècle av. J.-C. ou des créatures mythologiques. On peut aussi y voir la « machine d'Anticythère » (vers ) retrouvée au large de cette île avec d'autres objets exposés dans la même salle. C'est le plus ancien mécanisme à engrenages connu. De nombreuses interprétations ont été proposées. Le musée considère qu'il s'agit d'un instrument de navigation. Une reconstitution moderne est proposée à côté. La salle 39 expose la reconstitution, autour des fragments d'origine, d'un harnachement et d'un char[38],[47],[48]. La statue hellénistique dite « dame de Kalymnos », jusque-là exposée en salle 39, est retournée sur l'île où elle avait été découverte en 1994 : elle est la pièce principale du musée local[49].
La collection Stathátos doit son nom aux donateurs et bienfaiteurs grecs Antónis et Eléni Stathátos. La collection comprend environ 1 000 objets, principalement des bijoux, ainsi que des objets en métal, des vases et des poteries de l'âge du bronze moyen à l'ère post-byzantine. Les éléments remarquables sont les bijoux en or de la période hellénistique de Karpenísi et de Thessalie.
Dans la suite de la visite, les fresques polychromes d'Akrotiri, sur l'île de Santorin, sont exposées en haut de l'escalier, au premier étage, salle 48. Voir ci-dessus, dans l'ordre chronologique.
Le premier étage (salles 49 à 56) expose des céramiques et des petits objets. En plus d'une présentation chronologique des céramiques antiques (du XIe siècle av. J.-C. à l'époque romaine), les objets sont regroupés par thèmes : sanctuaires importants (salle 52), coutumes funéraires (salle 53) et la femme et l'enfant (salles 55 et 56)[50].
La salle 49 est consacrée aux céramiques attiques allant de la fin de l'époque mycénienne à l'époque géométrique. Elles permettent de voir la disparition progressive des décors naturalistes qui laissent la place à des formes géométriques. Les soixante-huit vases trouvés dans la tombe, dite « d'Isis » en raison de la présence d'une statuette de cette déesse, à Éleusis sont représentatifs de la période protogéométrique (Xe siècle av. J.-C.) où les motifs sont faits uniquement de lignes, losanges ou cercles. L'une des pyxides contenait une substance blanche à base de kaolin qui aurait pu avoir une fonction cosmétique. Au géométrique, la figure humaine réapparaît, stylisée. Les vases du Maître du Dipylon (appelés ainsi car son atelier se trouvait près de cette porte monumentale d'Athènes) ou ceux du peintre de Hirschfeld en sont des exemplaires caractéristiques[50],[51],[52].
Les salles 52 et 53 exposent des céramiques attiques à figures noires : trois amphores (VIe siècle av. J.-C.) et un cratère par le peintre Sophilos représentant Héraclès affrontant Nérée (salle 52) et des lécythes ou une coupe portant la signature d'Exékias (salle 53). On peut aussi voir dans la salle 52 des tablettes de bois peint (VIe siècle av. J.-C.) provenant de la grotte de Pitsa en Corinthie et totalement uniques[N 3]. Elles représentent une procession féminine. Des céramiques de Béotie (VIe siècle av. J.-C.), dont les « coupes à oiseaux » nommées ainsi en raison de leur motif principal (un oiseau aux ailes déployées), se trouvent également en salle 52. Les petits objets trouvés dans le sanctuaire d'Héra (Héraion) d'Argos (VIe et Ve siècles av. J.-C.) permettent de se faire une idée de la vie quotidienne d'alors. Des éléments des temples d'Apollon à Thermos (métopes et antéfixes) et d'Artémis à Laphria (acrotère) complètent cette salle 52[50],[54],[55].
La salle 54 permet de suivre le passage des figures noires aux figures rouges, à la charnière des VIe et Ve siècles av. J.-C., peut-être à l'initiative du peintre d'Andokidès qui travaillait à ce moment-là au Céramique à Athènes. Cette salle expose des vases d'Euphronios et de Douris ainsi que des rhytons en forme de tête d'« Éthiopiens ». La salle suivante (no 55) expose la pélikè du peintre de Pan (470 av. J.-C.) représentant Héraclès tuant Busiris et des céramiques à fond blanc (principalement des lécythes). Enfin, la salle no 56 propose des céramiques à figures rouges (Ve et IVe siècles av. J.-C.) provenant d'Attique, de Béotie et de Corinthe ainsi que des céramiques de la fin du IVe siècle av. J.-C., polychromes et foisonnantes de détail, dites du « style de Kertch » (en Crimée). Des scènes de compétitions sportives ornent des amphores attiques. On peut aussi voir un épinétron (objet servant à filer que les femmes posaient sur leur cuisse), des amphores panathénaïques (prix pour les vainqueurs de ces compétitions) et des gobelets servant aux Anthestéries (fêtes en l'honneur de Dionysos)[50],[56],[57].
Héraclès tue Busiris, roi d'Égypte, et ses serviteurs. Des Égyptiens portent les ustensiles du sacrifice sur l'autel, au premier plan, devant duquel repose une massue.
Les salles 40 et 41 du rez-de-chaussée sont consacrées à la collection égyptienne du musée, la seule collection de ce type en Grèce. Elle compte 6 000 œuvres, dont 1100 sont présentées. Elle a été offerte principalement par deux Grecs installés en Égypte, Ioánnis Dimitríou, originaire de Lemnos, qui vécut à Alexandrie et fit don de sa collection entre 1880 et 1885, et Aléxandros Rostovítz, du Caire, qui fit de même en 1904[58],[59].
↑Les objets crétois sont cependant plutôt au musée archéologique d'Héraklion et ceux retrouvés dans les tombes macédoniennes sont exposés au musée de Vergina.
↑C'est la première fois que ce nom lui est donné. Le décret suivant lui donne le nom de musée Bernardakis, le principal bienfaiteur. (Kaltsas 2007, p. 18).
↑Les seuls vestiges de la peinture grecque dont nous disposions sont les vases et quelques exemples de peinture murale, mais tous les panneaux de bois peint, hormis ceux-ci, ont disparu.
Maxime Collignon, Catalogue des vases peints du Musée de la Société archéologique d'Athènes, Paris, Ernest Thorin éditeur, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 3 », , IV & 220 p. (lire en ligne), 7 planches
Jules Martha, Catalogue des figurines en terre cuite du Musée de la Société archéologique d'Athènes, Paris, Ernest Thorin éditeur, coll. « Bibliothèque des Écoles françaises d'Athènes et de Rome no 16 », , XXXV & 233 p. (lire en ligne), 8 planches
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